Les fonctions de la fête :
Il semble y avoir un consensus de la part de la société sur le fait que la fête remplit des fonctions essentielles pour la communauté jeune.
Une première fonction est celle de favoriser la cohésion et l’homogénéité de cette partie de la société. La fête renforce symboliquement le sentiment d’appartenance à un groupe, "les jeunes" par exemple.
On peut définir une seconde fonction comme étant la recherche de limites, limites liées au groupe ou simple limites personnelles.
Une fonction plus complexe peut être repérée, celle de s'approprier un instant de vie, par exemple, se construire le temps d'une soirée, un espace privée. Ainsi on touche du doigt la volonté d'indépendance et d’émancipation qui caractérise une grande partie de cette classe de la société.
Une rupture avec le quotidien :
Rupture du temps : Le moment de la fête est vécu pour beaucoup comme sacré et hors du temps. Les jours de fêtes n’en sont pas moins placés à certains moments précis, ce qui se traduit pour les étudiants au jeudi soir, au weekend, après des résultat d'examen par exemple. On s'accorde à penser que fête est à la fois l’abolition et la commémoration du temps.
Rupture de l'espace : La fête permet une ouverture entre des espaces habituellement séparés par exemple entre monde réel et imaginaire, en effet la fête sert aussi à créer un monde nouveau, par ses costumes, ses personnages, l'irréalité de ces instants sont d'ailleurs mis en avant lorsqu'il s'agit de promouvoir une soirée par exemple.
On peut également évoquer la rupture entre le monde des vivants et des morts, comme dans l’exemple de la fête d'Halloween.
La fête permet donc de réconcilier des forces qui d'habitude s'opposent.
Rupture avec la norme : Dans le cas des jeunes, la fête est la plupart du temps un véritable renversement des mœurs et des règles communautaires. Au moment des soirées festives, la normalité semble être, non pas supprimée comme beaucoup semble le croire mais néanmoins altérée voire modifiée, comme temporairement remplacer par une norme à l'image de se que l'on désire. Ainsi, l'éventuelle chaos apparent est en réalité très strictement réglementé. D'ailleurs, le retour à l’ordre est prévu et préparé. Le groupe mobilise ses forces pour assurer un retour à la réalité. Selon ce point de vue, la fête a fonction purificatrice et sert à régénérer de façon périodique cette classe de la société que sont les jeunes.
L'évolution et la spécificité des fête de jeunes :
Bien que les jeunes étudiants se soient au fur et à mesures des années appropriés certains créneaux durant la semaine pour faire la fête (jeudi soir particulièrement), on assiste à une relativisation des fêtes collectives et cycliques. Il y a une prise d’importance des fêtes plus autonomes et individuelles. Pour la plupart, elle ne durent que quelques heures, comme arrachées au temps.
Dans ces deux types de fêtes s’opposent deux conceptions de la notion de temps, l’une lente et cyclique et l’autre rapide, où on se préoccupe de jouir de l’intensité du présent. C'est d'ailleurs cette dernière qui connait le plus grand succès en ce moment. En effet, les fêtes sont organisées de sorte à ce qu'il n'y ai pas de moment de trêves, comme si le temps était compté, qu'il ne fallait pas le laisser s'écouler sans en profité pleinement.
Ce second types de fêtes est en accord avec un autre fait sociétal , la désacralisation des fêtes. En effet la coupure est moins nette entre la fête et le quotidien. Elles s’intègrent plutôt à la vie journalière. Ce phénomène traduirait un goût pour la ritualisation festive de la vie quotidienne. Son rôle serait devenu celui d’une occasion privilégiée, pour les individus, de se sentir exister.
Dubuisson Clément
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